Le baromètre Le stockage à la ferme toujours dynamique
La moitié des producteurs de céréales sont aujourd’hui équipés pour stocker leurs grains, et 8 % envisagent d’investir d’ici l’année prochaine, nous enseigne notre enquête ADquation.
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S’il a toujours existé, le stockage à la ferme continue de se développer avec, en ligne de mire, la captation de valeur et l’amélioration de l’autonomie commerciale des exploitations. L’agrandissement des surfaces est un des moteurs de cette évolution, les producteurs s’organisant face à l’accélération de leurs débits de chantier en évitant de mobiliser conducteurs et matériels au plus fort de la moisson, réduisant ainsi pression de main-d’œuvre et coût au premier kilomètre. Côté organisme stockeur, le stockage à la ferme évite également de déplacer des volumes d’un silo à un autre dans la précipitation à la moisson. Ce lissage des flux est un avantage logistique incontestable pour les OS, et cela avant même la rationalisation de leurs parcs silos.
Sur le terrain, les OS poussent les agriculteurs à stocker
La moitié des céréaliers interrogés cette année à travers notre baromètre Agrodistribution-ADquation sont équipés pour stocker leurs récoltes. Une proportion dans l’air du temps pour Félix Bonduelle, cofondateur de Javelot, entreprise spécialiste de la thermométrie et du pilotage de la ventilation qui vient elle-même de réaliser une enquête auprès de 1 200 agriculteurs : « Sur le terrain, les OS poussent les agriculteurs à stocker à la ferme. » Et il ressortait déjà de l’étude Arvalis-BVA de 2018 que la moitié des exploitations de grandes cultures étaient équipées.
En tout cas, 8 % des céréaliers interrogés dans notre enquête envisagent d’investir dans une installation de stockage d’ici à 2022, soit deux fois plus que ces dernières années. La proportion est un peu plus élevée chez les producteurs ayant moins de 50 ans (12 %) et ceux situés dans le nord-est de la France (11 %). En revanche, il n’existe pas de différences significatives dans ces prévisions d’investissements entre ceux qui sont déjà équipés et ceux qui ne le sont pas. Ce qui confirme une tendance à l’accélération de la pratique.
Un coût moyen de 10,90 €/t
Les coopératives comme les négociants proposent aujourd’hui des primes de stockage qui vont jusqu’à 15-20 € la tonne. Toutefois, « la position des OS vis-à-vis du stockage à la ferme, quelle que soit sa forme, reste hétérogène entre mal nécessaire et opportunité pour gagner en compétitivité », rappelle l’étude réalisée en 2020 par les cabinets Ceresco et Systra pour FranceAgriMer et Intercéréales, et dédiée à l’évaluation des coûts dans la chaîne logistique céréalière française. Elle y chiffre le coût moyen du stockage à la ferme à 10,90 €/t, allant de 5,20 €/t avec les installations amorties jusqu’à 13,50 €/t, sans compter la responsabilité, notamment financière (risque d’insectes), l’investissement technique et la réduction des rentrées de trésorerie après la moisson. Mais ces inconvénients sont à mettre en balance avec la meilleure maîtrise logistique et commerciale. Il faudrait ajouter les stockages en big-bag ou en boudin (5 à 8 €/t), autre forme de stockage à la ferme.
Dans notre baromètre, on relève également que la proportion d’agriculteurs équipés pour stocker à la ferme est plus élevée chez les céréaliers-éleveurs (66 %), ceux qui ont moins de 20 ha de céréales à paille (64 %), ceux de la région Centre (61 %) et dans les exploitations de plus de 150 ha (57 %).
Enfin, les trois quarts des producteurs de céréales ont des capacités de stockage qui sont inférieures à 500 t et 16 % en ont entre 500 et 1 000 t. Les capacités de plus de 1 000 t restent minoritaires (8 %).
Une tendance à la professionnalisation des stockeurs
« Stockage de grain et conservation du grain ne sont pas tout à fait la même chose », souligne Félix Bonduelle. Pour lui, la hauteur des réfactions qualité (de 5 à 10 €/t, selon l’enquête Javelot) devrait rester significative pour pousser à la qualité. « Nous avons vu des constructions aberrantes, sans évacuation de l’air avec ventilation par cheminées. L’air chaud y était systématiquement aspiré pour être renvoyé dans le grain et ne pouvait donc jamais le refroidir », poursuit-il.
Le besoin d’un accompagnement technique est partagé sur le terrain, que ce soit pour les cellules métalliques ou, puisque le photovoltaïque redevient intéressant et que certaines régions soutiennent son financement, pour les stockages à plat. Ces derniers présentent l’avantage de faciliter l’allotement avec plusieurs cases.
La différence entre un stockage de courte durée et une conservation des grains plus longue se voit aussi dans le niveau d’équipements. Dans l’étude Arvalis de 2018, les trois quarts des fermes qui stockaient étaient équipées en ventilation, mais seulement 10 % avec thermométrie. La tendance est clairement à la professionnalisation des stockeurs. Entre l’étude Arvalis (2018) et l’étude Javelot (2021), le taux d’équipement en systèmes de ventilation passe de 76 à 81 %. La proportion d’équipements de thermométrie progresse encore plus vite : 14 % en thermométrie fixe et 12 % d’asservissement à un thermostat en 2018 pour plus de 50 % en 2021.
Yanne Boloh
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